Nous avons déjà eu l’occasion de voir que laisser le Roi au centre dans une position ouverte (c’est-à-dire une position dans laquelle il y a peu de pions au centre pour bloquer les colonnes et les diagonales) est très dangereux:
Dans la position suivante, tirée de la partie jouée au championnat du monde de parties rapides 2016 entre Sergei Zhigalko et Zhong Zhang, les Blancs concluent de façon élégante une attaque contre le Roi noir resté au centre:
31.De6+ Rd8 32.Fe3 conclut la partie. Si la Dame quitte la diagonale a7-g1, il suit 33.Fb6#.
Le conseil du jour: Ne laissez pas votre Roi au centre de l’échiquier dans une position ouverte
La partie du jour, jouée entre Viswanathan Anand et Francisco Vallejo Pons en 2011, illustre le danger et la force, selon le camp dans lequel on se trouve, des pions passés.
Dans la position du diagramme, les deux joueurs ont chacun un pion passé sur la 6e rangée:
Voyons la suite de la partie (cliquez sur les coups pour suivre la partie):
Cette fin de partie contient plusieurs motifs intéressants:
la menace de chasser le Roi blanc de la case de blocage du pion c3 et la possibilité de nul par échec perpétuel par les Noirs après leur 26e coup.
la façon indirecte de parer cette menace en bloquant la colonne c par le 37e coup des Blancs.
l’utilisation d’un clouage pour récupérer le Cavalier
l’impossibilité des Noirs de gagner le pion passé sans entrer dans une finale gagnante pour les Blancs
Le conseil du jour: Suivez les exemples des champions pour protéger, avancer et promouvoir un pion passé
Avant de jouer son coup, il faut toujours vérifier les réponses de l’adversaire. C’est ce que j’enseigne dans le cours 7: mon coup est-il bon ?
Vérifier les réponses possibles de l’adversaire est vrai en particulier lorsqu’on peut prendre quelque chose (ah, l’appât du gain…).
Voici trois exemples tirés d’une même partie de Marie.
Dans le diagramme suivant, la Dame noire est attaquée. Les Noirs peuvent-ils sauver leur Dame en prenant le pion en c5 ?
La réponse est non. Si 30…Dxc5, les Blancs disposent de l’échec 31.Td8+, et les Noirs n’ont le choix qu’entre perdre leur Dame en jouant 31…Txd8 32.Dxc5 ou se faire mater en jouant 31…Rh7 32.Dh8#
C’est pourquoi les Noirs jouèrent 30…Df8 et les Blancs 31.c6. Les Noirs peuvent-ils jouer 31…Txc6 ?
La réponse est à nouveau non, à cause de 32.Td8 qui gagne la Dame noire.
Après 31…Rh7 (qui menace cette fois le pion en c6), les Blancs ont joué 32.c7. Les Noirs peuvent-il prendre le pion en a3 ?
La réponse est encore non. Si 32…Dxa3, il suit un mat forcé: 33.Txf7+ Rh6 34.Df4+ g5 35.Df6#
Le conseil du jour: Vérifiez toujours les réponses de l’adversaire avant de prendre un pion !
Dans ce cours, nous avions aussi précisé que, s’il faut vérifier tous les échecs, faire échec n’est pas toujours bon et peut parfois être très mauvais.
Voici un exemple d’un échec désastreux. Il est tiré d’une partie que Marie aurait dû perdre mais que l’échec de son adversaire a permis de sauver:
Les Noirs ont largement l’avantage et auraient pu jouer simplement 54…Rg5 suivi de 55…Rxf5, qui gagne un pion tout en protégeant la Tour et en plaçant toutes les pièces sur cases blanches. Au lieu de cela, l’adversaire de Marie a joué 54…Fb6+ qui perd du matériel après 55.Rf3. Tout en parant l’échec, les Blancs attaquent à la fois la Tour et le Fou noirs. Les deux adversaires conclurent le nul quelques coups plus tard.
Le conseil du jour: Il faut toujours vérifier tous les échecs mais faire échec peut parfois être très mauvais !
La position suivante est tirée de la partie jouée entre Ruslan Ponomariov et Aleksej Aleksandrov à Kramatorsk en 2001:
La Tour blanche attaque le pion passé en a2 et empêche la promotion de ce pion. D’où l’idée pour les Noirs de dévier cette Tour en jouant 70…Td7+ qui fut suivi par 71.Txd7 a1D, et les Blancs abandonnèrent quelques coups plus tard.
Le conseil du jour: La déviation de la défense peut être utilisée pour gagner une pièce ou pour gagner le contrôle d’une case