Jan 052017
 

Créer, avancer et promouvoir, ou menacer de promouvoir, un pion passé est l’un des plans possibles dans une partie d’échecs.

Savoir mener à bien ce plan peut souvent décider du résultat de la partie.

C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire ce (long) article pour vous apprendre:

  • ce qu’est un pion passé
  • pourquoi les pions passés sont si importants
  • comment créer un (ou plusieurs !) pion passé
  • comment l’avancer et, éventuellement, le promouvoir

Qu’est-ce qu’un pion passé ?

Nous adopterons la définition de Hans Kmoch dans son livre L’art de jouer les pions. Un pion passé est un pion:

  • qui n’a plus de pion adverse sur la colonne en face de lui
  • qu’aucun pion adverse sur les colonnes adjacentes ne peut empêcher d’avancer

Par exemple, dans le diagramme suivant, le pion f5 est un pion passé. Les pions b5, d3 et h7, qui n’ont pas de pion adverse sur leur colonne mais doivent encore passer la barrage d’un ou plusieurs pions sur les colonnes adjacentes sont appelés des pions candidats. Les pions qui empêchent le pion candidat d’être un pion passé sont appelés par Hans Kmoch des sentinelles. C’est le cas des pions blancs a3, c3 et g4, et du pion noir c5.

Pourquoi les pions passés sont-ils importants ?

Le principal avantage d’un pion passé est qu’il menace souvent d’avancer à Dame, et que cette menace limite les possibilités de l’adversaire, en particulier en finale.

Dans le diagramme suivant, le pion passé supplémentaire des Blancs leur assure un gain facile. Leur Roi peut tranquillement se rapprocher et prendre le pion g5, que le Roi noir ne pourra pas défendre car il doit surveiller le pion a2.

Un pion passé a aussi un rôle paralysant sur le camp adverse, qui doit le bloquer ou au moins empêcher qu’il n’avance.

Dans la position du diagramme suivant (tiré de la partie Anand – Vallejo Pons, 2011), les Noirs abandonnent: ils ne peuvent jamais prendre le pion en c7, car après l’échange des Tours la finale qui en résulte est facilement gagnante pour les Blancs (grâce au pion passé en h2). Et s’ils attendent, les Blancs peuvent tranquillement améliorer leur position, par exemple en prenant les pion c3 et a5 avec leur Roi.

Comment créer un pion passé

Les pions passés peuvent être créés de nombreuses façons. Voici quelques cas typiques.

Exploiter une majorité de pions

L’échange de pions et l’ouverture de colonnes, en particulier de colonnes centrales, peut conduire à une situation où, si le nombre total de pions est égal, chaque joueur dispose de pions en surnombre sur une zone de l’échiquier. On appelle ce surnombre une majorité de pions.

Ainsi, dans le diagramme suivant, chaque joueur possède 5 pions, mais les les Blancs ont une majorité de pions à l’aile Roi alors que les Noirs ont une majorité de pions à l’aile Dame.

Disposer d’une majorité de pion permet en principe de créer un pion passé. Pour cela, il convient de pousser en premier le pion candidat. Ainsi, dans le diagramme précédent (et en oubliant la possibilité des deux camps de jouer leur Roi), les Noirs peuvent créer un pion passé en commençant par le coup 1…b5. Si maintenant 2.a3, 2…a5 sera suivi de 3…b4 et les Noirs obtiennent un pion passé.

Dans ce diagramme, commencer par 1…a5 serait une erreur car les Blancs peuvent jouer 2.a4. Si les Noirs poussent tout de même leur pion par 2…b5, 3.axb5 conduit à un pion passé pour les Noirs (le pion en a5) mais aussi à un pion passé pour les Blancs (le pion en b5).

Utiliser une percée de pions

Créer un pion passé est parfois possible même sans avoir de majorité. On appelle la manœuvre qui consiste à créer un pion passé sans disposer d’une majorité une percée de pion. Une percée de pion nécessite souvent de sacrifier un ou plusieurs pions, et implique souvent la création d’un ou plusieurs pions passés pour l’adversaire. Il faut donc être sûr de son calcul avant de s’engager dans une telle percée.

En voici deux exemples:

Le diagramme ci-dessus nous montre la méthode classique d’une percée de 3 pions contre 3 pions. Au trait, les Blancs gagnent en jouant 1.g6. Ce coup attaque les pions noirs en f7 et h7, et les Noirs sont donc obligés de prendre, par exemple par 1…hxg6 (1…fxg6 est symétrique).

Les Blancs ont ainsi réussi à faire du pion h5 un pion candidat. Ils doivent à présent dévier le défenseur de la case h6 afin de pouvoir avancer ce pion candidat. Ils y arrivent en jouant 2.f6. Après 2…gxf6, les Blancs ont sacrifié deux pions et donné aux Noirs trois pions passés, mais ils gagnent grâce à 3.h6 car leur pion est le plus avancé.

Notons que cette percée de pion fonctionne à deux conditions.

La première condition est que le Roi noir est suffisamment éloigné. Avec le Roi noir en e8 au lieu de a6, la percée ne fonctionne pas pour deux raisons. D’une part, après 1.g6, le pion f7 est protégé, et les Noirs peuvent simplement défendre le pion h7 en jouant 1…h6. De plus les Noirs peuvent également tenter les Blancs en jouant 1…hxg6. Si ceux-ci s’obstinent dans leur idée de percée de pion en jouant 2.f6, 2…gxf6 3.h6 est contré par 3…Rf8 et les Noirs gagnent.

La deuxième condition est que les pions défensifs se trouvent sur leur case de départ. Si l’on décale l’ensemble des pions vers le bas d’une rangée (ou plus !), la tentative de percée 1.g5 échoue: 1…hxg5 2.f5 gxf5 3.h5 f4 (Exercice: vérifier que 3…g4 mène à une finale égale Dame contre Dame) et les Noirs vont faire Dame avec échec juste après la promotion du pion Blanc.

Enfin, signalons que, si on reprend la position du diagramme ci-dessus mais trait aux Noirs, ceux-ci ont un coup (et un seul) pour empêcher la percée de pion et annuler: 1…g6. 1…h6 (ou 1…f6) perd à cause de 2…f6.

Le deuxième exemple de percée de pions est représenté sur le diagramme suivant. Il est tiré de la partie Wade – Korchnoi jouée à Buenos Aires en 1960.

Korchnoi abandonna après 38.a5. Les Blancs menacent de jouer 39.a6, et si 38…bxa5 39.b6 permet de gagner en attaquant la sentinelle en b7: 39…cxb6 40.d6.

Gagner un pion

Gagner un pion est toujours agréable, mais encore plus lorsque cela permet d’obtenir un pion passé.

Le diagramme suivant est tiré d’une partie que j’ai jouée fin 2016.

Dans cette position issue d’une défense Est-Indienne, les Noirs ont l’avantage sur l’aile Roi alors que les Blancs dominent l’aile Dame. 20.a4 attaque le pion b5 qui est difficile à défendre. Mon adversaire choisit de jouer 20…Dd7 (20…bxa4 se heurte à 21.Fxa6 et le pion a4 sera pris un peu plus tard, mais 20…Tb8 pouvait être essayé). Après 21.axb5 axb5 22.Ta7 Tc7 les Blancs peuvent prendre le pion par 23.Fxb5.

Le gain du pion b5 fait du pion b2 un pion passé. Ce pion passé sera appelé à un bel avenir: la position finale, dans laquelle les Noirs abandonnent, est représentée dans le diagramme suivant: les Noirs ne peuvent empêcher la promotion du pion qu’en donnant leur Tour.

Sacrifier une pièce

Les pions passés peuvent être si forts qu’un sacrifice matériel est parfois possible pour créer ou soutenir un pion passé.

Dans la position du diagramme ci-dessus, les Noirs ont déjà un pion passé mais celui-ci est bloqué par la Tour blanche. Les Blancs viennent de jouer 28.Ff3-d5 qui attaque la Dame blanche et bloque la colonne d.

Le sacrifice de qualité 28…Txd5 permet de sauver la Dame et de créer une majorité de pions qui va mener à un second pion passé. Il suivit: 29.cxd5 Dxd5 30.f3 c4 31.bxc4 bxc4 et les Noirs gagnèrent une dizaine de coups plus tard (Yegiazarian – Minasian, cht d’Arménie 2006).

La position suivante est tirée de la partie Zambrana – Abelnabbi jouée lors des Olympiades 2002:

Le coup 37.Txd6 permet de gagner le Cavalier en e5 et le pion en c5, et permet de créer trois pions passés grâce auxquels les Blancs ont gagné au 48e coup.

Comment avancer un pion passé

Le scoop: pensez à avancer votre pion passé !

Pour avancer un pion passé, je vais partager avec vous une méthode exclusive: il faut penser à l’avancer ! 🙂

Voici deux exemples:

Cette position est tirée de la partie Galliamova – Paehtz, Krasnoturinsk 2007. les Noirs semblent avoir l’avantage, avec deux pièces contre la Tour blanche et un pion passé en d4 un peu plus avancé que le pion blanc en a4.

Dans cette position, les Blancs ont avancé leur pion passé en jouant 50.a5. Les Noirs ont répondu par le coup naturel 50…Rc6: ce coup protège la case b7 (d’où la Tour blanche pourrait attaquer h7) et attaque la Tour blanche qui n’a pas de case sur la 5e rangée.

Ignorant la menace sur leur Tour, les Blancs ont répondu 51.a6. Le pion ne peut plus être arrêté. Après 51…Rxb5, les Noirs luttèrent encore contre le Dame blanche, mais finirent par abandonner au 77e coup.

La position du diagramme suivante est tirée d’une partie jouée en 1938 entre Jose Raul Capablanca et Reuben Fine.

Après 39.g5+ hxg5, Capablanca (pourtant un grand spécialiste des finales) joua 40.Txg5 et le nul fut conclu quelques coups plus tard. Au lieu de reprendre le pion (les échecs ne sont pas les dames !), Capablanca pouvait jouer 40.h5 et le pion ne peut être arrêté qu’en donnant la Tour (Exercice de calcul: voyez-vous comment ?)

Contrôler les cases devant le pion

Lorsque le pion passé est bloqué il faut arriver à chasser la pièce qui bloque le pion.

Dans le diagramme ci-dessus, les Noirs dévient la Dame blanche en jouant 35…Dxd3 36.Dxd3 e2. Le pion noir ne peut plus être arrêté qu’en donnant la Dame et les Noirs restent avec une Tour de plus (Silva – Ushenina, Olympiades 2016).

Dans la position ci-dessus, les Blancs gagnent en jouant 80.Ce5: ils menacent de chasser le Roi noir par un échec en c6 ou d7 (Eljanov – Beliavsky, Olympiades 2016).

Lorsque le pion n’est pas bloqué mécaniquement mais qu’il ne peut avancer parce que les cases situées devant lui sont contrôlées par l’adversaire, il faut arriver à prendre le contrôle de ces cases soit directement avec ses propres pièces, soit en éliminant les défenseurs adverses.

Le diagramme suivant est tiré de la partie Karpov – Polugaevsky, Moscou 1974:

Le pion passé des Blancs n’est qu’à une case de la promotion, mais la Tour noire contrôle cette case. Karpov força l’abandon de son adversaire par le coup 49.Fc4 qui aurait été suivi de 50.Ta2.

Dans l’exemple ci-dessus, le pion passé des Blancs n’est plus qu’à deux cases de la promotion, mais ces deux cases sont protégées par le Cavalier et la Tour noirs.

Les Noirs abandonnèrent après l’élimination du Cavalier par 28.Fxe6: si 28…fxe6, 29.Dxf8+ Rxf8 30.c7 et le pion ne peut plus être arrêté (Tari – Lorparizangeneh, Olympiades 2016).

De l’importance de la mobilité des pions passés

La mobilité des pions passés ou candidats est parfois plus importante que leur quantité.

La position ci-dessus est tirée d’une partie que j’ai perdue récemment. Avec les Noirs, dans cette position, je m’estimais heureux avec mes deux pions passés liés, alors que les Blancs n’ont pas encore de pion passé.

Hélas, mes deux pions sont bloqués par le Fou et par le clouage le long de la diagonale b2-g7. Il suivit 34.b6 axb6 35.a6 bxa6 36.cxb6 Rf7 (le pion noir est enfin décloué mais c’est trop tard) 37.b7 Db8 38.Fxa6 Fg7 39.Db5 Ff6 40.Dd7+ Fe7 41.Fc4 1-0

Dans le diagramme ci-dessus, tiré de la partie Garcia Gonzalez – Quinteros, Moscou 1982, les Noirs ont 3 pions passés contre un pion passé et un pion candidat pour les Blancs. Ils viennent de jouer 47…f3, et menacent de jouer 48…h2 qui gagne.

Mais après le seul coup des Blancs pour parer cette menace, 48.Rg1, les 3 pions noirs sont bloqués alors que les deux pions blancs sont mobiles. La partie se termina par 48…Rf6 49.e5+ (une percée de pion) 49…dxe5 50.d6 e4 51.d7 et les Noirs abandonnent.

En résumé

Nous avons vu dans ce cours ce qu’est un pion passé, pourquoi les pions passés sont importants, comment créer un ou plusieurs pions passés et comment les avancer.

Je pense qu’étudier et utiliser ces techniques est indispensable pour progresser aux échecs.

N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ci-dessous si ces conseils vous auront en effet été utiles dans vos parties !

Ce cours est également disponible au format pdf: Comment créer, avancer et promouvoir un pion passé

Photo: Chris Potter sur flickr.com. (c)  www.ccPixs.com

Nov 012016
 

Si vous jouez aux échecs en compétition, vous savez que bien gérer le temps à la pendule fait partie intégrante du jeu d’échecs. Mal gérer son temps peut en effet avoir des conséquences catastrophiques.

Vous faites peut-être partie de ceux qui jouent trop vite et finissent leurs parties avec beaucoup de temps à la pendule mais beaucoup de matériel en moins.

Ou peut-être au contraire faites-vous partie de ceux qui réfléchissent trop et finissent leurs parties par une gaffe en zeitnot.

Dans les deux cas, lisez cet article pour apprendre à enfin bien gérer votre temps aux échecs !

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Oct 062016
 

Coup de pionDu fait de sa mobilité réduite, le pion est la pièce la plus faible aux échecs. C’est pourquoi les coups de pions sont souvent jugés anodins: comment peut-il arriver quelque chose de grave avec une pièce de si faible valeur ?

Et pourtant, chaque coup de pion peut avoir une ou plusieurs conséquences. Ces conséquences peuvent être plus ou moins importantes, selon la position.

Voici les 18 conséquences possibles d’un coup de pion. Sauf mention contraire, les exemples sont tirés des parties de Marie. Certains exemples sont également tirés de parties récentes jouées au plus haut niveau !

Les 18 conséquences d’un coup de pion

1. S’approcher de la promotion

Avancer un pion le rapproche de la case de promotion. Cela est vrai en particulier en fin de partie s’il n’y a plus de pion en face de lui. Dans l’exemple du diagramme suivant, les Noirs viennent de jouer 29…a5-a4 qui menace de créer un pion passé en jouant 30…a4-a3.

2. Attaquer une pièce

Un pion avance parfois dans le but d’attaquer une pièce adverse. C’est le cas dans le diagramme suivant, où le coup 9.c4 attaque la Dame en d5.

3. Attaquer deux pièces

En avançant, un pion peut même attaquer deux pièces à la fois, c’est-à-dire faire une fourchette. Comme il est en général difficile (mais pas toujours impossible) de parer une fourchette, prévoir les fourchettes de pions est indispensable. Dans le diagramme suivant, le coup 12.d4-d5 a attaqué la Dame en e6 et le Cavalier en c6.

4. Attaquer un autre pion (voire deux)

En avançant, un pion peut également attaquer un autre pion, se retrouvant alors lui-même en prise. Hans Kmoch, dans son ouvrage L’art de jouer les pions, appelle une telle situation où deux pions sont en prise mutuellement un levier de pions. Dans l’exemple suivant, la poussée 22.c4-c5 attaque le pion en d6, qui ne peut peut pas prendre le pion en c5 à cause du clouage sur la Tour en d7.

5. Affaiblir la structure de pions adverses

Un cas différent mais important de levier est l’attaque de la structure de pions adverses, en particulier au centre, dans le but de l’affaiblir. Dans l’exemple qui suit, le coup 12…c7-c6 crée un levier avec le pion d5 et menace de gagner ce pion central des Blancs:

D’autres exemples sont présentés dans le conseil 60/365: des leviers de pions.

6. Défendre un pion

A l’attaque de leur centre dans le diagramme précédent, les Blancs ont répondu par le coup 13.c3-c4, qui défend leur pion:

7. Protéger une pièce

De la même façon, un coup de pion peut également protéger une pièce. Dans l’exemple suivant, le coup 18.c4 permet aux Blancs de protéger le Fou en b5, qui vient d’être attaqué par la Tour noire:

8. Ouvrir une diagonale pour développer une pièce

Au début de la partie, les coups de pions sont en général utilisés pour occuper le centre et pour ouvrir des lignes pour développer ses pièces. Dans la position initiale, 1.e4 ou 1.d4 ouvrent des diagonales pour les Fous.

9. Ouvrir une diagonale pour augmenter l’activité de ses pièces

Ouvrir une diagonale peut servir non seulement à développer un Fou mais également à augmenter l’activité d’un Fou ou d’une batterie Fou + Dame. Dans l’exemple suivant, les Blancs viennent de jouer 37.e5-e6. Ce coup ouvre la diagonale a1-g7 pour la batterie Fou + Dame. Les Blancs menacent donc de mat en g7 (il faut se souvenir que ce n’est pas forcément la pièce qui bouge qui crée la menace).

10. Ouvrir une diagonale à une pièce adverse

Tous les coups ont des avantages et des inconvénients. Avancer un pion peut parfois ouvrir une diagonale à une pièce adverse. Dans l’exemple suivant, les Noirs viennent de jouer 20…c7-c6 sans voir que ce coup met leur Tour en prise en ouvrant la diagonale g3-b8.

11. Fermer une diagonale pour intercepter une attaque

Avancer un pion a pour effet d’ouvrir deux diagonales mais également d’en fermer deux. Cela peut avoir pour effet d’intercepter une attaque adverse, comme dans l’exemple suivant, où le coup 23…g7-g6 intercepte la diagonale b1-h7 et pare la menace de mat en h7.

12. Menacer d’avancer

Un pion qui avance… menace parfois d’avancer plus. Dans l’exemple suivant, le coup 17…e6-e5 crée un levier en d4 mais menace aussi d’avancer en e4 pour chasser le Cavalier f3

13. Empêcher un pion adverse d’avancer

Avancer un pion peut parfois servir à bloquer un pion adverse. Ainsi, dans l’exemple suivant, le coup 19.b2-b3 empêche le pion noir en b4 d’avancer.

14. Ouvrir une colonne en prenant un pion ou une pièce

Un pion qui avance ouvre deux diagonales, mais un pion qui prend ouvre une diagonale et la colonne sur laquelle il se trouvait. Dans le diagramme suivant, les Blancs ont ouvert la colonne c pour leurs Tours avec la reprise 12.cxd3.

15. Contrôler deux cases

Un pion qui avance va contrôler deux nouvelles cases. Dans l’exemple ci-dessous, la poussée 3.e4-e5 contrôle les cases d6 et f6, empêchant en particulier le développement naturel du Cavalier en f6.

16. Préparer la poussée d’un autre pion

Le contrôle d’une nouvelle case peut servir en particulier à préparer la poussée d’un autre pion. Ainsi, dans le diagramme suivant, le coup 15…a7-a6 prépare la poussée b7-b5.

17. Ne plus contrôler deux autres cases

Si un pion contrôle deux nouvelles cases en avançant, le revers de la médaille est que ce pion ne contrôle plus deux autres cases. Ainsi, dans la variante d’avance de la défense Caro-Kann représentée dans le diagramme suivant, le coup 3.e4-e5 soustrait le pion à l’attaque créée par le pion d5 mais ne protège plus la case f5, ce qui autorise 3…Ff5

18. Libérer une case

Le pion qui avance (ou qui prend) libère la case sur laquelle il se trouvait, ce qui peut permettre à une pièce de prendre avantageusement sa place. Dans l’exemple suivant, le coup 15.h2-h3 libère la case h2 pour le Roi et limite les risques de mat du couloir.

Parfois libérer une case vaut bien un sacrifice. La position suivante est tirée d’une partie jouée en blitz entre Wesley So et Garry Kasparov lors du tournoi appelé Ultimate Blitz Challenge organisé à Saint Louis en 2016. Les Blancs viennent de jouer 9.c4-c5 qui donne un pion mais libère la case c4 pour la Cavalier.

Chaque coup de pion a en général plusieurs conséquences

Un coup de pion a en général plusieurs conséquences qui peuvent être importantes. Voici deux exemples:

Dans le diagramme suivant, le coup 14.c2-c3 intercepte l’attaque du Fou b4 sur la Dame en d2 et attaque ce Fou

Vous pourrez trouver un autre exemple de coup de pion qui a plusieurs conséquences dans notre conseil 62/365.

En résumé

Comme vous pouvez le voir, les conséquences d’un coup de pion sont nombreuses. Il est même probable que j’ai oublié certaines conséquences dans cette liste. L’important est que vous reteniez que jouer un pion n’est pas une chose anodine.

Avant de jouer un coup de pions, essayez toujours de lister toutes les conséquences du coup que vous envisagez, et demandez-vous si ces conséquences sont positives pour vous.

De même, lorsque votre adversaire bouge un pion, vérifiez toutes les conséquences de son coup: il est possible que ce coup ouvre une diagonale pour vous attaquer, ou libère une case sur laquelle votre adversaire voudrait placer une pièce. Votre réponse devra prendre en compte ces conséquences: parer l’attaque à la découverte ou protéger la case libérée…

Dans cet article nous n’avons parlé que des coups de pions. Les coups de pièces peuvent avoir aussi toutes sortes de conséquences. Une différence avec les coups de pions est qu’un coup de pion est irréversible: voilà une raison de plus de bien réfléchir avant de pousser un pion !

Ce cours est également disponible au format pdf:

Les 18 conséquences d'un coup de pion

 

Photo: Mamooli sur Flickr

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Août 312016
 

Comment résoudre les exercices de tactiqueJusqu’à un niveau assez élevé, aux alentours de 2000 points élo, ne pas voir une combinaison tactique est la principale cause de défaite dans une partie d’échecs. Connaître les types de combinaisons tactiques (clouage, enfilade, échec à la découverte…) et emmagasiner un grand nombre de motifs tactiques afin de développer son sens tactique est donc indispensable pour tout joueur débutant, et même pour les joueurs confirmés.

C’est pourquoi il est fortement recommandé de s’entraîner à résoudre des problèmes tactiques, soit à partir de livres ou sur internet. Il existe plusieurs façons de s’entraîner avec  les problèmes tactiques afin d’en tirer un maximum de profit. Ce sont ces différentes façons que je vous propose de découvrir dans cet article.

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Août 252016
 

Confiance en soi aux échecsJ’ai récemment participé au championnat de France, dans l’un des opens. Après un début de tournoi catastrophique (deux défaites contre des joueurs largement à ma portée), je me suis rendu compte que j’étais en train de perdre confiance, et que cette perte de confiance avait des conséquences très négatives sur mon jeu, et pouvait conduire à une véritable spirale de la défaite. Ne pas avoir confiance est en effet un cercle vicieux qui conduit à la défaite, défaite qui conduit à son tour à un manque de confiance.

Cette expérience m’a permis de constater que la confiance en soi est un élément essentiel pour jouer aux échecs en compétition et m’a amené à m’interroger sur cet aspect du jeu d’échecs.

Dans cet article vous découvrirez pourquoi avoir confiance en soi est essentiel aux échecs, quelles sont les causes d’un manque de confiance et comment améliorer la confiance en soi.

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